mercredi 25 décembre 2019


Joyeux Noël, Fouettard !

Quelques chansons se sont glissées dans tes lettres, les voici toutes réunies : 

La fille au cresson, Malicorne



Grégoire ou Sébastien, Anne Sylvestre



La légende de Saint Nicolas, traditionnel, par Anne Sylvestre


La complainte du progrès, Boris Vian 



Noël est arrivé, chant traditionnel de Nicolas Saboly, repris par Malicorne en 1977


Pas vieillir, pas mourir, Henri Tachan 




mardi 24 décembre 2019

Père Fouettard

Le petit Jésus ne va plus tarder, je me tourne donc vers vous, car toujours déçu des cadeaux commandés auprès de l’autre, le Noël, le suppôt du Capitalisme qui n’a jamais su ni me satisfaire et encore moins me combler.

  1. Je voudrais vivre plusieurs dimensions en une, présent, passé, avenir, monde parallèle et paradis 
  1. Un marteau pour casser les machines qui nous éloignent les uns des autres
  2. Une paire de botte en 56 pour botter le cul au Père Noël, marchand de soupe sans consistance.
  3.  Une équerre pour les tourneurs en rond.
  4. de la moutarde dans les yeux de tous ceux qui ne veulent pas voir que ce monde tourne à l'envers.
  5. Une culotte de cheval pour tous les mannequins qui emprisonnent les femmes dans un modèle.
  6. Des pièces de 95 centimes pour acheter ma baguette, ça arrangerait le boulanger...
  7. Une corde pour lier l'Amour mais doucement et pour un temps.
  1. Je veux saisir un instant de bonheur éternel, et le temps s'arrêter là, assis sur un cailloux, de préférence en haut d’une montagne.
  2. Une épiphanie permanente, une révolution des esprits, une grève infinie pour nous réunir tous. 
  3. En finir avec le mythe de l’amour unique et la jalousie aveuglante qui tue, frappe et déchire 
  4. Avoir tout le temps qu’il faut pour se connaître, afin d’accéder enfin à la rencontre de l’autre 
  5. Que le tabac, l’alcool et les champignons hallucinogènes n’abîment plus les corps, pour pouvoir se droguer autant qu’on en a envie 
  1. Je voudrais que le fric ne soit plus le moteur de cette planète
  1. Expulser les faux culs, les donneurs de leçons, les nombrilistes...
  1. L’élévation des esprits pour sauver le monde du crétinisme
  1. Que les hommes retrouvent le chemin vers la paix, que cesse ces guerres cruelles qui désunissent le monde
  1. Je voudrais une machine à secouer les cons qui continuent à faire l’autruche devant ce monde en décrépitude
  1. Courir nu sur la plage. Des grelots attachés aux testicules. Pour faire croire aux crabes à l'arrivée du Père Noël.
  2. Attendre sur la dune la mer qui monte l'âge qui passe le désir qui vient et les humains qui disparaissent 
  3. Que le temps s’étire quand on se caline, et que le temps caline quand on se tire 
  4. Que les hautes-contres pètent et que les cons arrêtent de l’être 
  5. Savourer un viandox avec un écrivain-marcheur revenu sur terre 
  6. Faire une grande fête avec tous les êtres, morts ou vivants, que je convoque dans mes conversations mentales quotidiennes 

lundi 23 décembre 2019


Cher père Fouettard,

« L’oisiveté est la mère de tous les vices », a dit un certain Caton il y a fort longtemps (déjà à l’époque, on l’appelait « l’ancien », OK Boomer). L’homme oisif serait à la disposition de toutes les turpitudes. L’homme laborieux, quant à lui, n’aurait point à redouter leur influence, ses occupations lui formant une sorte de Fort Alamo contre, au choix : la pensée, la jouissance d’être soi, la rébellion face à l’ordre établi… 

Il est vrai qu’au deuxième siècle avant notre ère, on ne faisait sans doute pas de Powerpoint à tour de bras pour aviser le DirCom a.s.a.p. de la nouvelle stratégie de growth hacking. Graver dans le marbre, ça prenait un chouilla plus de temps, on réfléchissait deux minutes avant d’écrire des trucs. On travaillait utile : pâtre, maraîcher, histrion, gladiateur, arracheur de dents, esclave, vestale, tailleur de pierre.

Depuis lors nous sommes très occupés à demeurer vertueux, dans des tours de verre, des open spaces, des salles de brainstorming, avec des calendriers partagés, des rappels automatiques, des notifications, des deadlines. Les prédateurs d’attention savent nous retenir suffisamment pour nous délivrer des messages édifiants : travaille (si tu en as la chance, et sinon traverse la rue) ; consomme (au-delà de tes besoins, et pour tout le reste il y a le crédit revolving) ; obéis (et donne-nous librement tes données numériques, notre mine d’or, on fera de la vente à la découpe avec nos petits copains). 

Face à cette frénésie, qui culmine en ces temps de Noël (deadlines au taquet + cadeaux en paquets + découverts coquets + publicités en tourniquet), je m’interroge… tout ça pour la naissance d’un ‘tit cul en exil, caché dans une grange entre le boeuf et l’âne gris ? 

Sors ton fouet si tu veux, moi je retourne à la procrastination, mère de toutes les conceptions. 

Marie Gabillette 

dimanche 22 décembre 2019


Monsieur le Père Fouettard,

Il faut que je vous dise que j'en ai plein le C.. de ce monde qui ne tourne pas rond, des robots qui nous espionnent et lobotomisent nos cerveaux, des mécréants qui ne pensent qu'à accumuler plus d'argent, plus d'objets pour compenser leur manque de spiritualité!
Marre des gens qui ne pensent qu'à leur petit confort perso sans pouvoir lever le bout de leur truffe pour observer ce qui se passe autour!
Vous pouvez pas leur botter le cul une bonne fois pour toute et les envoyer paître hors de cette société ? Je sais pas ce que vous foutez dans ce monde, mais votre fouet, il sert à quoi si c'est pas à redresser la situation ? Vous avez regardé un peu, vous, autour de votre petit nombril ce qu'il se passe dans le monde ? C'est pas jojo quand même...Y'a pas que moi qui pousse ma gueulante sur ce système qui n’en peut plus, au bord de l’asphyxie ! Faut nous aider, faites un effort !
Eh oui, je suis en colère et c'est pourtant pas mon habitude, mais qu'est-ce que ça fait du bien de te gueuler dessus... Les petites lettres parfois grivoises, parfois faux-cul et ces dénonciations qui n'en finissent plus, faut taper un bon coup dans la fourmilière, ça soulage ! Ah oui, je sens que ça va déjà mieux en le disant, alors en le faisant qu'est-ce que ça doit être ? Le Nirvana, le 7ème ciel, l'extase, le paradis, oh pardon, tu préfères sûrement l'enfer...!
Je compte sur toi et ne te lèche surtout pas les bottes !


Monique - La gueularde du 5ème

samedi 21 décembre 2019


Cher père Fouettard,

Je me suis fort bien étendue sur l’un des péchés favoris des hommes dont je suis loin d’être exempte : la luxure. Mais il en est un autre qui me ravit, non plus les sens, mais l’esprit, et auquel je succombe comme tout être humain : l’orgueil.

L’orgueil, c’est le sein originel, celui par qui tout le mal advient, affirme un vieux bouquin écrit 200 ans avant la naissance du Christ (Siracide, 10.12, si tu veux vérifier). L’orgueilleux place sa personne au centre du monde et se trouve incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats, oubliant ainsi une dimension fondamentale : nous sommes tous unis à tout ce qui existe.

De quoi cet oubli est-il le nom ? Un ange aurait-il posé son doigt sur nos lèvres ? Que nenni. (Oui, j’ai fait exprès de mettre le mot « lèvres » et le son « que » côte à côte, je suis taquine et orgueilleuse, mon Père). Cet oubli vient non pas, comme on pourrait le penser spontanément, d’un trop fort sentiment de suffisance, mais bien d’une croyance désordonnée qui nous susurre en permanence : « Je ne suis pas suffisant pour être considéré et entendu par les autres. » 

Et notre cerveau, dans son travail primordial de petit ramoneur, cherche à nous protéger, à nous bâtir des étayages : surtout, que nos croyances restent bien en place et que rien de bouge ! L’une des fonctions essentielles du cerveau est bien embêtante, mon Père : confirmer ce que je crois déjà. Pas pratique pour cheminer dans la pensée complexe, s’ouvrir l’esprit et, à l’instar de Saint-François d’Assise, parler aux fleurs en les invitant à louer le Seigneur comme si elles étaient douées de raison. 

Mais je m’égare et Dieu m’tripote, le cerveau, donc : il nous fabrique des biais de confirmation, de vraisemblance, des effets de halo, autrement dit nous ne voyons que ce que nous voulons bien voir, et touchez-la moi pour vérifier qu’elle est bien dure, Saint Thomas. Lorsqu’on ne supporte pas la différence entre nos propres croyances et ce que l’on perçoit comme un bout (un bout ?) de ce qu’il se passe réellement, le cerveau réagit : alerte, alerte, mettez-vous subito en position de comportement conditionnel, ainsi rien ne changera et tout ira bien… ce qui conduit à imposer son opinion, ses croyances, en usant s’il le faut de mauvaise foi, péché véniel découlant directement du sein originel, donc, l’orgueil.

Rappelez-vous, mon Père, de la racine de ce mal : un défaut de confiance en sa propre valeur. Je ne suis pas suffisant pour être considéré et entendu par les autres (donc je vais me faire entendre, et ça va barder dans les chaumières). Or c’est bien ici que se loge la clé de voûte de notre cathédrale intime : en bougeant un tout petit peu ce sentiment que l’on a de nous-mêmes, en célébrant nos richesses intérieures, en reconnaissant que nous sommes tous unis à tout ce qui existe, nous faisons peu à peu l’expérience suivante, radicale : nous avons suffisamment de valeur, nous sommes suffisamment solides pour affronter la pensée complexe, les discussions enfiévrées, les différences de point de vue et la tendresse des fleurs qui louent le Seigneur.

Dieu m’tripote, il guide Ta main vers le fouet.
Bien cognitivement,

Camelia.

vendredi 20 décembre 2019


Cher Monsieur Fouettard,

Depuis le début du mois nous vous envoyons quantité de lettres qui sont toutes à ce jour restées sans réponses. S’agit-il d’un problème que nous devrions incomber aux services postaux qui, à leur décharge, manquent cruellement de personnel et n’aurait pu acheminer notre courrier ? Mais j’ai bien l’impression, plus vraisemblablement, que votre silence est dû au manque d'intérêt suscité par nos requêtes. Je veux bien entendre que vous êtes très sollicité en ces périodes agitées et qu’il vous apparaît peu opportun de répondre aux demandes concernant toute ces fesses réclamant coup de fouet. Il y aussi l’autre grand C qui passe son temps à colporter calomnie et mensonges. Un simple d’esprit qui mérite bien votre mépris. Il en va de même de Mademoiselle Lumière, qui passe son temps à vous flatter, (mon bon père par-ci et une jolie chanson par-là et si ton sac est trop lourd je peu t’aider à le porter).  Et tout ces hypocrites qui vous écrivent comme l’on va à confesse (si j’aime les femmes c’est pas ma faute, j’ai enlevé ma culotte sans faire exprès, je suis toute excitée c’est à cause des autres, j’aime le luxe c’est humain). Je comprend votre dédain pour tout ces opportuns et qu’il y a bien d’autre causes à défendre que celles de ses affamés de tendresses. C’est pourquoi je me permettrait de vous communiquer sous plis privé, quelques requêtes qui sont de bien plus grande importance.
Dans l’attente d’une réponse favorable de votre part je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’années.

Votre unique et dévoué, Anatol Delèchebotte

jeudi 19 décembre 2019


Sage ou pas sage ... ?
Mais être sage est si ennuyeux que l'idée de ne pas l'être m'émeut davantage.
Où est le curseur ? Jusqu'où aller pour ne plus être sage à tes yeux et recevoir ces coups de fouets dont tu t'es fait spécialité ?
Au fait, sais-je bien si je les souhaite ou si je préfère me limiter...juste au bord du précipice, comme attirée par le vide sans y aller, pour s'envoler... juste par la pensée ?
Je sens la vie qui monte rien qu'à l'idée d'affronter ces fichues représentations mentales qui nous encombre. J'y vais j'y vais pas ? Et pourquoi faire ?
Je succombe, je bascule... comme dans un rêve !
Et la culpabilité, qu'est-ce que j'en fais ? Au diable ces vanités, ces idées pré-mâchées...
Pour revenir au point de départ, je ne saurais répondre sans évoquer l'hypocrisie ou la sincérité, dont la deuxième à bien grâce à mes yeux, dans ce monde empli de la première qui me dégoûte, me fait gerber...et dont pourtant j'use forcément par moment….
Oui quelques coups de fouets seront bien mérités et peut-être même jouissifs..?

Avec mes salutations les plus sincères...quoi que?

Albertine qui t'em....

mercredi 18 décembre 2019


Cher Fouettard,

Quand tu viendras chez moi j’ai deux mots à te dire
Reste un petit moment, pose ton gros sac en cuir 
Et parlons 

C’est le triomphe de la folie sur la raison 
Pourquoi ont-ils préféré au mouvement de la vie la prison 
Des serments, des promesses 
Et des trahisons 

Ô belle nuit d’hiver, souris à nos ivresses 
La flamme de ton regard est plus douce que le jour 
Laisse-là tes atours, fais céder tes remparts
Tendre amour dans les ombres c’est toi seul qui nous guides
Tu rends dans ces moments les amants insolents
Les beautés moins timides 

Epiphanie d’Avent, Noël avant Noël 
Le fouet de tes paroles me rend cent fois plus belle 
Tu m’entraînes sur les flots, tu me mènes en bateau 
Et j’attends ta venue, amour adoré 
Comme le Messie si fort désiré 

mardi 17 décembre 2019


Très grand Père Fouettard 
Je vous écris derechef pour vous signaler le cas de Madame Mito qui habite au 47 de ma rue. C'est qu'il s'en passe des choses dans mon quartier !
Ce matin encore, alors que j'étais courageusement devant ma fenêtre, pour éviter que les enfants voient la débauche de Madame Jéhanvi (originaire de Béziers), Madame Mito, travestie de sa pèlerine trop colorée, et de son panier bien rempli est venue me déranger. J'ai fait mine de rien mais j'avais des doutes déjà, car à son âge, 75 ans, on pense toujours à mal (à mâles aussi sans doute !)
Elle rentrait des commissions, qu'elle fait plusieurs fois par semaine d'ailleurs. Elle parlait bas, mais moi, je n'ai rien dit, rien ! Tout en me déballant le prix excessif des carottes qui débordaient de son panier, carottes sans fanes, alors qu'avec fanes on peut faire une bonne soupe ! Comment voulez-vous que le monde aille mieux avec un tel laisser-aller ? Que du gâchis, partout ! On parle de crise mais personne fait l'effort ! Pendant ce temps, les boches....
Il y a plus, cher Monsieur Foutard, Madame Mito s'est laissée aller à me parler haute politique ! Elle n'est pas tombée sur un sourd et j'ai su tendre l'oreille. Elle s'est plaint que sa pension soit basse, que le médicaments sont chers, que la gare est fermée, qu'il n'y a plus de commerces, plus de cinéma, plus de café (évidemment!) Si elle n'a pas le sou pourquoi achète-elle des carottes sans fanes ? Bref, j'ai compris de suite que j'avais à faire à une jaquette jaune. Une révolutionnaire comme ils disent au poste! Une anarchiste qui tuaient les rois en d'autres temps. Oui, Monsieur Fourtard, et ça se passe ici et je suis seul dans les tourments. Madame Mito est, je vous l'affirme ici, une activiste, chef de groupe, qui casse tous les samedis et fait des écriteaux sur les murs ! A la vitesse où ses propos pullulent, bientôt, elle sera plusieurs.
Je pense que quelques coups de fouet bien fermes pourraient la remettre dans le rang ! Crevez lui un œil ou arrachez lui une main !
Merci pour votre courage, ainsi nous sommes deux.
Je vous embrasse
Le Caporal
Ps : J'envoie copie de cette lettre à Monsieur Macron Emmanuel notre président à tous (que je salue bien), à qui je réclame depuis des mois un poste au Ministère de la Famille…

lundi 16 décembre 2019


Autrefois pour faire Noël on offrait des bébelles
Pour mieux prouver son amour, un p’tit Jésus en culottes de velours
Maintenant c'est plus pareil, ça change, ça change
Pour séduire nos chers anges on leur glisse à l'oreille :
"Ah choupinet, viens m'embrasser, et je te donnerai..."
Une jolie tablette, une belle dinette, un sabre laser et un Ninjago
Une cuisinière avec un four en verre
Des jouets Montessori et un p'tit canari !
Une tourniquette pour faire la patinette
Un bel aspirateur pour faire comme Maman coeur
Un vélo électrique, une montre en plastique
Un avion Barbie et tu seras ravie ! 
Autrefois s'il arrivait que l'on se querelle
L'air lugubre on menaçait de les abandonner
Maintenant que voulez-vous? Les enfants sont rois
On n’peut plus donner de fessée
Et l'on ne peut plus dire quoi :
"Ah Jean-Chrome, excuse-toi, ou je confisque tout ça..."
Ton sabre laser, ta cuisine en verre
Ton avion en fer et ta pâte à prout
Ton masque de zombie qui fait pipi au lit
Ton moulin, ta toupie et ton doudou filou !
La tourniquette pour faire la patinette
Le vélo en plastique et la montre électrique
Et si le rebelle se montre encore cruel
On le ficelle dehors, pour confier son sort
Au croque-mitaine, à la sorcière vilaine
Au père Fouettard, à l'ogre de la forêt
Au picoleur qui offre des beignets
À Jack l'éventreur, à l'écorche-poulet !
Mais très très vite on reçoit la visite
D'une tendre petite qui pleure sur notre coeur
Alors on cède car c'est comme ça qu'on s'aime
Alors on sonne car c'est comme ça consomme
Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois
Et l'on vit comme ça
Jusqu'à la prochaine fois !